Réévaluation du stress :
Le stress, souvent perçu comme une menace pour notre quiétude, mérite une réévaluation dans notre compréhension de sa nature et de son rôle dans notre vie. Loin d’être l’ennemi, le stress incarne en réalité un mécanisme physiologique fondamental, organisant notre capacité à agir, réagir, et nous adapter. Considérons le stress non pas comme une force obscure à éviter, mais comme un élément essentiel de l’action et de la réalisation.
La physiologie du stress :
Au cœur de toute la complexité de notre corps, le système nerveux autonome, composé des systèmes orthosympathique et parasympathique, dirige la planification de l’action et du repos. Ces deux acteurs jouent des rôles complémentaires, assurant que chaque mouvement, pensée et émotion trouve sa place dans un équilibre entre dépense énergétique et régénération. Le système orthosympathique prépare nos muscles à l’action, anticipant physiologiquement nos besoins pour une possibilité de réaction rapide. Il organise un ensemble de pré-contractions, nous positionne dans les starting-blocks de l’action, prêts à transformer intention et volonté en geste concret.
Le rôle du système parasympathique :
Mais l’action n’est qu’une partie de l’histoire. Pour que la réparation et la régénération aient lieu, le système parasympathique prend le relais, favorisant détente, digestion, et renouvellement. Dans ce repos réparateur, notre corps puise les ressources nécessaires à sa reconstruction, se fortifiant en prévision de futurs défis. La vie, dans son idéal, navigue ainsi entre les vagues de stress et d’action d’un côté, et de relaxation et régénération de l’autre, dans un cycle perpétuel d’équilibre et de santé.
La nécessité d’un équilibre :
Le stress est l’antichambre de l’action, une action mentale qui pré-ordonne au corps, qui le prépare à ce qu’il s’apprête à vivre. Il n’est pas en lui-même un mal, mais plutôt une phase naturelle et physiologique. La confusion naît souvent d’un abus de langage, où le stress chronique, cette incapacité à alterner entre action intense et repos complet, est confondu avec le stress en tant que tel. Dans une vie harmonieuse, les moments de travail et d’effort sont suivis de phases de détente et de recharge, dans un rythme qui respecte le besoin de notre corps de basculer entre ses différents états.
Les défis de la vie moderne :
Or, la vie moderne a tendance à brouiller ces signaux, nous maintenant dans un état de préparation constante sans jamais fournir le signal de fin d’action. Ce signal, nécessaire pour passer d’un état d’activation à un état de repos, est souvent absent dans nos sociétés où l’objectif, une fois atteint, est immédiatement remplacé par un autre plus exigeant. Cette incessante quête de performance nous garde dans un état de stress prolongé, loin de l’alternance naturelle entre effort et détente qui caractérise un mode de vie sain.
Les conséquences du stress prolongé :
La prévalence de l’action, voire de la suractivité mentale, caractérise notre époque, induisant un stress maintenu qui, à terme, devient nuisible. La prise de conscience de cette dynamique est cruciale pour comprendre les répercussions du stress sur notre bien-être. Un stress physiologique, ponctuel et équilibré par des périodes de repos, est naturel et bénéfique. C’est le déséquilibre, l’état de tension constante sans véritable détente, qui est à l’origine de nombreux maux contemporains.
Impact sur la santé physique :
Et cet état de tension préparatoire à l’action se manifeste surtout sur le diaphragme thoracique, le plancher pelvien, le transverse de l’abdomen, les maceters, les muscles sous occipitaux. Tout pour donner un appui solide au sol et une tête stable, mais qui, sur le long terme, est à l’origine de manifestations douloureuses lombaires, cervicales et par le biais des plexus nerveux, de phénomènes névralgiques comme les sciatiques, cruralgies et névralgies cervicaux brachiales. Sur un plus long terme, cela va induire des désordres digestifs.
Approche ostéopathique :
Revisiter notre perception du stress et surtout la notion de stress prolongé, nous amène à revoir notre approche ostéopathique, nous amène à réfléchir sur comment inclure ses éléments dans notre pratique. Comment amener notre patient vers un retour à l’alternance, redécouvrir la danse entre l’action stimulée par le stress et la relaxation réparatrice, pour un équilibre retrouvé et une santé préservée.
Bruno Mitaine, Ostéopathe DO